
PRISON - Arrêté en février 2018, Taoufik Bouachrine, directeur des sites d’actualité Alyaoum24.com et Soltana, a été condamné en novembre dernier à 12 ans de prison pour agressions sexuelles aggravées. Aujourd’hui, Human Rights Watch (HRW) affirme que le journalisme est maintenu, depuis un an, “sous une forme de régime d’isolement abusif”, à la prison de Ain El Borja à Casablanca.
D’après l’organisation, Taoufik Bouachrine a droit à une visite familiale hebdomadaire de 45 minutes, des visites de ses avocats et deux appels téléphoniques de 5 minutes chacun par semaine. Mais le journaliste ne peut entrer en contact ni avec les autres prisonniers de Ain El Borja, ni avec les gardiens. “Sa cellule est déverrouillée une partie de la journée, ce qui lui donne accès à un espace supplémentaire, mais toujours vide. Il a droit à deux heures de promenade par jour dans une cour de la prison, mais toujours seul”, précise HRW.
“Quels que soient les crimes dont on l’accuse, un détenu a le droit d’être traité avec humanité”, déclare Sarah Leah Whitson, directrice Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch. “Le régime d’isolement draconien imposé à Taoufik Bouachrine est injustifié et doit être levé”, ajoute-t-elle.
Isolé pour avoir refusé une cellule collective?
D’après la Délégation interministérielle aux droits de l’homme (DIDH) interrogée par HRW, Taoufik Bouachrine a “réclamé de se mélanger aux autres prisonniers, mais lorsqu’on lui a demandé de rassembler ses affaires et de rejoindre une cellule collective, il a refusé et préféré rester dans sa cellule”.
Mais “il n’a jamais demandé ni accepté un régime d’isolation le coupant de tout contact avec d’autres détenus, et interdisant aux gardiens de parler avec lui”, précise HRW en citant sa femme, Asmae Moussaoui. Selon “L’Ensemble de règles minima pour le traitement des détenus” de l’ONU, l’isolement carcéral prolongé de plus de 15 jours consécutifs est considéré comme un traitement cruel, inhumain ou dégradant.
“Le fait qu’il ait choisi de rester dans une cellule individuelle, même si on lui a proposé un autre choix, n’explique ni ne justifie un régime empêchant les gardiens et les autres prisonniers de parler à Bouachrine”, a déclaré l’organisation. “Il y a un monde de différence entre accorder une cellule individuelle à un détenu, et le priver de contacts quotidiens. La première mesure peut être humaine, mais la seconde est inhumaine”, a ajouté Sarah Leah Whitson.
Le procès déjà dénoncé
Les conditions du procès du journaliste et son verdict, en 2018, avaient étaient dénoncés par plusieurs voix. Dans un rapport, le Groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire affirmait que Bouachrine avait été “injustement” privé de sa liberté et “harcelé par la justice”.
Reporters sans frontières dénonçait un procès “entaché de doutes” avec “procédure accélérée obtenue par le Parquet”, des “parties civiles sous pression des autorités et qui se récusent en cours de procès”, la “proximité d’une partie civile avec un membre du gouvernement mis en cause par le journaliste”ou encore le “rejet de demandes de contre-expertises formulées par la défense”. “Cette affaire semble démontrer une volonté d’acharnement judiciaire contre un journaliste dont l’activité professionnelle lui a déjà valu de nombreux démêlés avec les autorités”, affirmait l’organisation.
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Source : https://www.huffpostmaghreb.com/entry/hrw-denonce-...






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