À Almería, le Paseo Marítimo Carmen de Burgos s’étire sur plus de quatre kilomètres entre l’Andarax et le port, longeant San Miguel, Zapillo, La Térmica et Nueva Almería. Rebaptisé en 2011 par le maire Luis Rogelio Rodríguez-Comendador, il rappelle une trajectoire qui converge vers un moment précis: « son hito histórico en 1909 durante la Guerra de Marruecos ». C’est là, au Maroc, que Carmen de Burgos décide « de trasladarse a la zona de conflicto » pour informer sur les troupes espagnoles pour le Heraldo de Madrid. Ses chroniques sur le terrain la consacrent comme « la primera corresponsal de guerra de nuestro país », une première assumée au retour par un texte où elle écrit « ¡Guerra a la guerra! », défendant « a quienes se oponen a la guerra por principios ».
Ce déplacement au Maroc rompt avec « los moldes clásicos de la mujer » dans la presse du début du XXe siècle: une journaliste choisit le front plutôt que la salle de rédaction. Avant cela, sa carrière s’est construite à Madrid, où elle signe dès 1902 « Notas femeninas » dans El Globo et, en 1903, « Lecturas para la mujer » au Diario Universal sous le pseudonyme « Colombine » proposé par Augusto Suárez de Figueroa. Elle y défend des réformes concrètes: « la legalización del divorcio », qu’elle explore en 1904 avec « El divorcio en España »; puis « el voto de la mujer », campagne lancée dans le Heraldo de Madrid en 1907 et prolongée par la Cruzada de Mujeres Españolas en 1921.
Née à Almería en 1867, María del Carmen Ramona Loreta de Burgos Seguí reçoit « una educación similar a la de sus hermanos varones » et, après un mariage avec le peintre et journaliste Arturo Álvarez y Bustos, obtient ses diplômes de magistère en 1895 et 1898 avant de s’installer à Madrid avec sa fille en 1901 « para iniciar una nueva vida ». Son œuvre littéraire comprend « Puñal de claveles » et « La mujer moderna y sus derechos »; engagée au Parti Républicain Radical Socialiste, elle voit la Deuxième République reconnaître le suffrage féminin et le divorce — « logros por los que tanto luchó ». Ses textes sont interdits après la Guerre Civile, puis sa figure est réhabilitée: « docente, viajera, pedagoga y defensora de la igualdad efectiva entre hombres y mujeres ».
Si l’on évoque parfois les pas de Harrison Ford et de Sofia Loren sur cette promenade, ou le séjour de John Lennon face à la mer, c’est surtout l’écho du Maroc de 1909 qui donne son sens au nom du paseo: se souvenir qu’une journaliste d’Almería a choisi « la zona de conflicto » pour écrire, et que cette décision l’a faite « la primera corresponsal de guerra » d’Espagne.
Source : https://lemag.articlophile.com/blog/i/92079365/mar...






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