Selon l’analyse de Hicham Alaoui publiée dans Le Monde diplomatique en 2025, le Proche-Orient traverse une recomposition géopolitique majeure depuis la fin de la guerre froide. L’auteur souligne que l’affaiblissement de l’Iran, longtemps considéré comme le chef de file d’une coalition anti-impérialiste, bouleverse les équilibres régionaux. Il note également que la chute du régime syrien d’Al-Assad en décembre 2024 ravive l’espoir parmi les populations arabes, tandis que la guerre à Gaza et la répression israélienne suscitent indignation et mobilisation.
Alaoui estime que les anciennes alliances s’effritent. Le axe de la résistance chiite piloté par Téhéran subit de lourdes pertes, alors que les puissances occidentales, la Russie et l’Iran se désengagent progressivement. Dans ce contexte, les mouvements populaires pour la liberté et la dignité, héritiers des « printemps arabes », restent actifs malgré la répression et l’absence de perspectives politiques structurées. L’auteur observe que les transitions démocratiques sont difficiles, souvent confisquées par des groupes mieux organisés, principalement islamistes. La situation syrienne montre que le nouveau pouvoir doit composer avec la diversité religieuse et ethnique du pays.
Il relève que la guerre à Gaza a accéléré ces bouleversements. Israël poursuit une stratégie d’expansion territoriale et d’annexions, ce qui accentue la militarisation de la société et l’exclusion de toute perspective de souveraineté palestinienne. Selon Alaoui, cette politique, perçue comme un colonialisme assumé, divise la société israélienne et alimente la contestation interne. Pour les Palestiniens, la lutte armée n’est plus une option viable et leur cause s’inscrit désormais dans le cadre universel des droits humains. L’Autorité palestinienne, minée par la corruption, fait face à une contestation croissante, tandis que le Hamas, affaibli, demeure un acteur significatif d’un éventuel règlement.
Enfin, Hicham Alaoui considère que les régimes arabes, confrontés à leurs propres fragilités, peinent à s’opposer à ces évolutions. Pendant ce temps, le Proche-Orient entre dans une phase d’incertitude où les aspirations démocratiques se heurtent à la résilience des régimes autoritaires et à la fragmentation des sociétés. La question palestinienne, loin d’être résolue, demeure au cœur des tensions, désormais envisagée sous l’angle des droits humains et du droit international.
(Hicham Alaoui, Le Monde diplomatique, 2025).
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