La Philharmonie de Paris a récemment mis à l'honneur les musiques et l'esprit soufis lors d'un événement exceptionnel. Au cœur de ces célébrations, le débat de Mayotte - une pratique alliant danse, chants et percussions exclusivement féminine - a ouvert une fenêtre sur ces traditions spirituelles.
"Le débat, pour moi, c'est plus que culturel, c'est plus que passion. Il faut vraiment y vivre pour le ressentir", confie Nourou, présidente de l'association Matrasati Toyaria. Cette tradition, ancrée dans l'île depuis le IXe siècle, se transmet de mère en fille. Sa propre fille, Oumy Aïmal Faleila Hosseini, témoigne : "J'ai été bercée par des débats et des chadis. L'apprentissage commence dès la maternelle."
Du Tadjikistan, Akhnazar Alovatov et l'ensemble Navo ont partagé leur interprétation des poèmes de Rumi, accompagnés du rebab traditionnel. "Pour moi, ce n'est pas simplement un instrument. Cela me rapproche de Dieu", explique le musicien.
À Istanbul, les derviches tourneurs dirigés par Salim Mete Edman perpétuent la tradition du sema, cette méditation en mouvement caractéristique du soufisme Mevlevi. Une tradition qui s'est enrichie lors d'une collaboration inédite avec l'ensemble vocal byzantin, illustrant la capacité du soufisme à transcender les frontières religieuses et culturelles.
Leili Anvar, spécialiste du soufisme à l'INALCO, souligne : "Toutes les cultures qui ont été imprégnées d'islam et de soufisme ont pratiqué des musiques ancrées dans leurs propres traditions. Ce qui les unifie, c'est la finalité : se relier au divin."
Article réalisé à partir d'une émission de RFI "Religion du monde" par Véronique Guémard, septembre 2025.
Source : https://lemag.articlophile.com/blog/i/91557159/sou...