La Tribune. La relation franco-marocaine et le contrat manqué pour Thales et Airbus

Publié le 12/05/2023
via Latribune.fr


Selon plusieurs sources, le Maroc aurait choisi un groupe israélien, probablement Israel Aerospace Industries (IAI), plutôt qu'Airbus et Thales, pour fournir un nouveau satellite espion. Cette décision a été prise à la fin de l'été, avant le 7 octobre, alors que le paysage politique dans la région était très différent. Les sociétés françaises Airbus Defence & Space et Thales Alenia Space, qui avaient participé au concours, ont perdu le contrat.

Par ailleurs, le gouvernement marocain a refusé de rencontrer la Direction générale de l'armement (DGA) française, qui défendait les intérêts des groupes français. Ce résultat n’est pas surprenant compte tenu des relations tendues entre la France et le Maroc à l’époque. Cependant, des développements récents, tels que l’assouplissement des restrictions de visa pour les Marocains en France et la conversation du président Emmanuel Macron avec le roi Mohammed VI, ont amélioré les relations entre les deux pays. Il semble néanmoins que ce contrat soit définitivement perdu pour les groupes français, qui auraient pu avoir une chance de le récupérer en raison du conflit entre Israël et le Hamas à Gaza.

En 2013, Thales et Airbus avaient vendu avec succès deux satellites espions au Maroc, pour un montant total de plus de 500 millions d'euros. Cela démontre que le succès des exportations de l'industrie française dépend des relations bilatérales entre la France et le pays émetteur de l'appel d'offres. En 2013, les relations entre le président François Hollande et le roi Mohammed VI étaient fortes, ce qui a permis à Thales et Airbus de fournir au gouvernement marocain un système composé de deux satellites de reconnaissance et d'observation de la Terre (Pléiades A et B). Le premier satellite a été lancé en novembre 2017, suivi du deuxième un an plus tard, en novembre 2018. Thales a fourni la charge utile, notamment l'instrument optique, le sous-système de transmission d'images et le segment sol pour le traitement et la production d'images. Airbus était responsable de l'intégration, ainsi que de la fourniture de la plate-forme et du segment sol pour la planification des missions et le contrôle des satellites.

Globalement, le choix d'un groupe israélien plutôt qu'Airbus et Thales pour la fourniture d'un nouveau satellite espion par le Maroc reflète la dynamique géopolitique actuelle dans la région. Les relations tendues entre la France et le Maroc au moment de la décision, ainsi que les récents efforts visant à améliorer les relations, ont influencé le résultat. Le succès des entreprises françaises à l'exportation de leurs produits est étroitement lié aux relations bilatérales entre la France et le pays émetteur de l'appel d'offres. Alors que Thales et Airbus avaient déjà vendu des satellites au Maroc en 2013, le contrat actuel semble définitivement perdu pour les groupes français. Cela souligne l’importance de maintenir des relations diplomatiques solides afin de garantir des contrats internationaux et des opportunités commerciales.