La plus grande économie d'Afrique australe traverse une période critique marquée par une série de fermetures d'entreprises qui menace de déstabiliser davantage son tissu social. "C'est une crise incroyablement effrayante", alerte Matthew Parks, coordinateur parlementaire du plus important syndicat sud-africain.
L'onde de choc a commencé avec l'annonce de la fermeture d'ArcelorMittal SA, entraînant la suppression de 3 500 emplois. Ford Motor Company et Goodyear ont suivi, liquidant respectivement 474 et 900 postes. Ces décisions interviennent quelques mois après le départ de Mercedes-Benz qui avait déjà supprimé 700 emplois à East London. Willie Venter, du syndicat Solidarity, met en garde : "Si les grandes entreprises ne peuvent plus survivre, nous sommes au bord d'une catastrophe industrielle."
Les chiffres officiels de Stats SA révèlent une situation alarmante : 908 entreprises ont cessé leurs activités depuis janvier 2025. Cette hémorragie industrielle se traduit par un taux de chômage atteignant 33% de la population active, avec une situation particulièrement critique chez les 15-34 ans où 45% sont sans emploi.
Haroon Bhorat, directeur de recherche à l'université du Cap, dresse un bilan accablant : "Depuis 2000, nous avons perdu 70 000 entreprises et 2,8 millions d'emplois." Cette désindustrialisation s'explique notamment par l'explosion des tarifs électriques (+600% depuis 2006), l'effondrement du fret ferroviaire et l'inefficacité des infrastructures portuaires.
La situation est d'autant plus préoccupante que le gouvernement d'union nationale, formé après l'échec historique du Congrès national africain à obtenir une majorité absolue, peine à apporter des solutions concrètes. Paul Mashatile, vice-président de la république, reconnaît l'urgence : "Le nombre croissant de jeunes ni scolarisés, ni employés, ni en formation - actuellement 3,8 millions - est profondément inquiétant."
À l'approche des élections locales de 2026, un récent sondage Ipsos révèle que 80% des Sud-Africains considèrent que leur pays fait fausse route. "Ce pessimisme profond reflète une crise de confiance sans précédent", analyse Robyn Williams, représentante d'Ipsos en Afrique du Sud.
Source : https://www.lemag.africa/articles/i/90975895/crise...