IATF 2025: Tebboune recycle l’initiative marocaine et tente de réécrire son rôle en Afrique

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a prononcé un discours inaugural à l’occasion de la quatrième édition de la Foire commerciale intra-africaine (IATF 2025) qui se tient à Alger. Lors de sa prise de parole, le président a reconnu le retard de son pays dans la contribution au développement du continent et a repris des stratégies du Maroc pour se les approprier.

Le chef de l’Etat algérien a donné un discours devant près de 6000 personnes dans la capitale du pays, à un moment où l’Algérie est la plus isolée diplomatiquement au sein même de son continent et à l’international.

Tebboune s’est livré à un exercice délicat au vu de la situation dans laquelle se trouve son pays. Cet événement « se tient dans une conjoncture mondiale d’une extrême sensibilité et complexité. Une période où les événements s’accélèrent à un rythme sans précédent, et où les risques menaçant l’effondrement du système actuel des relations internationales se multiplient », a-t-il déclaré dès le début de son discours.

Et d’ajouter que la tenue d’un tel événement dans ce contexte met en évidence ses profondes significations et ses dimensions stratégiques, et souligne l’importance de l’ouverture et du dialogue malgré les défis auxquels le monde est confronté.

« D’ici cinq ou six ans au plus tard, les ports algériens pourraient devenir des points de transit pour les marchandises des pays africains dépourvus de façade maritime. Ces marchandises pourraient ensuite être acheminées en seulement vingt-quatre heures par train vers les ports algériens », a-t-il annoncé dans une référence claire à l’Initiative royale Atlantique de désenclavement du Sahel.

Cette initiative a été annoncée en 2023 par le Roi Mohammed VI à l’occasion de la fête de la Marche verte, soit deux ans plus tôt. L’initiative marocaine, nouvelle en son genre, ambitionne de donner l’accès aux ports atlantiques marocains au pays du Sahel enclavés afin de leur faciliter le commerce international.

Depuis l’annonce, les pays concernés, le Mali, le Niger, le Burkina Faso et le Tchad ont annoncé rejoindre et apprécier l’initiative, notamment à l’occasion d’une réunion en décembre de la même année organisée à Marrakech.

Lors de son allocution, Abdelmadjid Tebboune a souligné que le commerce intra-africain ne représentait que 15% de l’ensemble du commerce du continent, notant que 60% du commerce de l’Europe est intra-européen à titre comparatif. Plaidant pour une intégration du continent, le chef de l’Etat algérien n’a pas mentionné que son pays freinait et handicapait l’intégration de la sous région Afrique du nord et n’a rien fait pour l’intégration du Sahel.

Pourtant, Tebboune n’a pas manqué d’encenser son pays malgré les maigres réalistations de son pays pour le continent, ce qu’il n’a pas oublié de préciser. En avançant les « bonnes actions » de l’Algérie, il a affirmé que son pays, depuis son indépendance a épongé « 1,5 milliard de dollars de dette » détenues auprès de 14 pays du continent (soit l’équivalent de 100 millions de dollars pour chacun des pays mentionnés, ndlr), et a également souligné dans la même déclaration « militer en silence pour l’Afrique ».

« L’Algérie est fière, et elle a toutes les raisons de l’être, d’avoir contribué depuis son indépendance à la formation de pas moins de soixante-cinq mille cadres africains. Cela s’est fait dans le silence, sans tapage médiatique, sans revendications ni ostentation, loin des journaux et des projecteurs. Ce fait illustre profondément la conviction que l’Algérie milite en silence pour l’Afrique, comme elle l’a fait par le passé, et comme elle continue de le faire encore aujourd’hui », a-t-il encore lancé.

Ces déclarations révèlent en réalité la faiblesse de l’apport de l’Algérie au continent africain. Le président algérien a énuméré ce que son pays aurait réellement fait depuis son indépendance: « L’Algérie a contribué à la mise en place des fondements du commerce intra-africain, à travers la création de cinq zones de libre-échange avec les pays frères du Maghreb et de la région sahélo-saharienne, l’ouverture de filiales de banques algériennes en Afrique, ainsi que l’inauguration de représentations commerciales dans de nombreux pays de la zone sahélo-saharienne ».

A noter que l’installation de banques algériennes en Afrique, est encore une fois venue bien après que le Maroc l’ait fait, et soit devenu l’un des leaders du secteur bancaire sur le continent.

A l’heure actuelle, l’Union du Maghreb arabe est au point mort à cause du différend autour du Sahara opposant l’Algérie et le Maroc. Et depuis son élection à la tête de l’Algérie, Abdelmadjid Tebboune multiplie les efforts de discorde avec le Maroc et ses autres voisins sahéliens, si bien que certains ont porté l’affaire devant les Nations Unies. Il a pourtant annoncé des projets de lignes ferroviaires reliant la ville algérienne d’Adrar au Mali et de Tamanrasset au Niger.

A ce stade, l’Algérie entretient de mauvaises relations avec tout son environnement régional sauf la Tunisie, et dans une moindre mesure avec la Libye et la Mauritanie, deux pays qui continuent de faire bonne figure mais qui ont également pris des mesures de distanciation avec le régime algérien, notamment lors de sa tentative de création d’un groupement concurrent à l’UMA en excluant le Maroc.

En outre, les relations avec le Mali sont au plus bas, et les accusations et déclarations d’animosité ont fusé entre les deux voisins. Le Mali accuse le régime algérien de contribuer à sa déstabilisation en étant une base arrière de groupe terroristes agissant dans le nord du pays. Bamako a reçu le soutien d’autres pays du Sahel qui ont dénoncé les agissements d’Alger.

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