Marrakech lance son Festival du café et du thé

Du 6 au 8 décembre, la Fondation Irfane pour l’Art et le Patrimoine inaugure à Marrakech le Marrakech Coffee & Tea Festival, un salon pensé pour les professionnels comme pour le grand public, avec un accent sur le réseautage, la formation et la mise en avant des savoir-faire marocains. Les organisateurs annoncent la présence d’artisans, de producteurs, de torréfacteurs, de baristas, d’acteurs de l’hôtellerie, de jeunes innovateurs ainsi que d’institutions partenaires.

L’événement articule économie et culture, en partant d’un constat simple : les rituels de service, l’hospitalité, les cafés de quartier et les économies locales structurent depuis longtemps la sociabilité marocaine autour du café et du thé. Mettre ces pratiques au centre d’un salon professionnel doit permettre, selon les organisateurs, de lire le marché à travers ses racines patrimoniales tout en éclairant ses perspectives. Côté économique, la rencontre rassemblera producteurs, importateurs, distributeurs, opérateurs du tourisme et marques émergentes pour observer les tendances, l’évolution des standards de qualité, les attentes des consommateurs et les horizons d’investissement. Un programme de conférences, d’ateliers techniques et de démonstrations offrira l’occasion de comparer des modèles, de clarifier des pratiques d’approvisionnement et de transformation, et d’actualiser les compétences sur l’ensemble de la chaîne de valeur. Côté culturel, le festival mettra en scène un « patrimoine vivant » fait de cérémonies du thé à la menthe, de torréfactions traditionnelles, de gestes de service, d’assemblages régionaux et d’objets associés, avec l’intention déclarée d’honorer la tradition tout en l’inscrivant dans des trajectoires contemporaines de développement.

Pour cette première édition, le pays invité d’honneur est le Rwanda, salué pour son positionnement sur la qualité, la traçabilité et la formation des producteurs. Ce choix vise des échanges concrets de bonnes pratiques et l’ouverture de canaux de collaboration avec un écosystème café-thé dynamique sur le continent. L’ambition affichée est de positionner Marrakech comme une capitale panafricaine du café et du thé et de générer des opportunités d’affaires aux échelles régionale et internationale. Des organismes tels qu’ANAPEC, ONSSA, OMPIC, le ministère de l’Industrie et du Commerce, l’Administration des Douanes et Impôts Indirects et l’AMDIE sont attendus pour ancrer l’événement dans les stratégies nationales de développement et d’export.

Le programme s’adresse à la fois aux publics B2B et B2C. Un championnat national de barista — « Moroccan Coffee & Tea Masters » — sera supervisé par des juges internationaux et offrira aux lauréats une voie de qualification vers le World Barista Championship à partir de 2027, selon les règles en vigueur. Plus d’une centaine d’experts interviendront en conférences, séminaires et ateliers thématiques pour partager connaissances, innovations et bonnes pratiques. Le public pourra également assister à des concerts et cérémonies, avec un répertoire musical qui inclut Aïssawa, dekka marrakchia, musiques andalouses et malhoun, en dialogue avec des performances venues du Rwanda, d’Indonésie, du Pérou et de la scène jazz, ainsi qu’une galerie dédiée aux arts visuels et cérémoniels du café et du thé.

Pour Karim Ramzi, à l’origine du projet, le festival est autant une prise de position culturelle qu’un rendez-vous de filière : « Ce festival est un acte de foi. Il s’adresse aux bâtisseurs de ponts, aux amoureux des cultures, aux porteurs de paix. Et j’espère que chacun y trouvera sa tasse d’humanité », dit-il. « Le festival est comme un enfant qui apprend à marcher : il fait ses premiers pas, trébuche parfois, mais avance avec espoir. Il grandira grâce à tous ceux qui y croient et l’aident à se tenir dans la lumière. »

En rassemblant expertise, patrimoine et innovation, cette première édition se veut un cadre de travail pour une filière en transformation : outil d’observation et d’amélioration professionnelle, mais aussi espace de projection stratégique où dessiner des dynamiques et des partenariats à venir. Marrakech entend inscrire ce rendez-vous dans la durée pour structurer un secteur clé, renforcer les compétences locales et élargir l’influence du Maroc sur les marchés régionaux et africains, selon la source.