
7 mars 2025, Lattaquié (Syrie) : l'armée syrienne déploie ses forces contre les partisans de Bachar al-Assad dans la région côtière. ©Getty - Moawia Atrash/picture alliance
7 mars 2025, Lattaquié (Syrie) : l'armée syrienne déploie ses forces contre les partisans de Bachar al-Assad dans la région côtière. ©Getty - Moawia Atrash/picture alliance

Provenant du podcast Les Enjeux internationaux
Si les attaques de l’organisation djihadiste s’étaient poursuivies, notamment contre les forces kurdes depuis la chute de Bachar al-Assad, c’est la première directement le régime d’Al-Charaa. Pourra-t-il contenir l’État islamique sur son territoire ?
La première attaque revendiquée par l'État islamique sur la Syrie d'Al-Charaa
L'attaque revendiquée par l'État islamique la semaine dernière en Syrie est la première réussie, explique Wassim Nasr : "Les nouvelles autorités ont déjoué plusieurs tentatives, dont la première était de viser un mausolée chiite dans la banlieue de Damas, il y a eu plusieurs arrestations, notamment à Alep il y a quelques semaines, et il y a aussi eu un attentat à la voiture piégée dans la ville de Manbij qui n'a pas été revendiquée. Donc, l'État islamique est toujours présent, il est en guerre avec la nouvelle autorité depuis 2013, en particulier avec Ahmad Al-Charaa." Cet antagonisme remonte au moment où Al-Charaa s'est rebellé contre l'État islamique en 2013, qui l'avait missionné pour s'installer en Syrie.
La multiplication des contacts entre la Syrie et les États-Unis en cause ?
Plus récemment, l'accord conclu entre le nouveau régime syrien et les Américains a pu renforcer les tensions avec Al-Qaïda, notamment lorsque le régime d'Al-Charaa a expliqué vouloir offrir une porte de sortie aux combattants étrangers mariés avec des Syriennes et qui ont des enfants syriens : "Cela nous sort de ce qu'on connaît de la politique américaine contre le terrorisme depuis 20 ans, pour éviter de reproduire des erreurs passées, parce qu'on sait aujourd'hui que cette politique n'était pas une réussite. Vu qu'Al-Charaa a tracé une troisième voie dans cette mouvance, hors Al-Qaïda, hors État islamique, hors terrorisme international, les Américains décident de lui donner sa chance. Parce que les exemples que l'on a, comme l'Afghanistan avec le retour des combattants étrangers qui ont essaimé le djihad dans leur pays, ont prouvé que laisser des djihadistes et des combattants étrangers sans cadre et sans horizon ne peut amener que des problèmes à leur pays d'origine et à leur pays hôte."
Vers une normalisation des relations diplomatiques avec la Syrie ?
Les actes menés par Ahmed Al-Charaa depuis son arrivée au pouvoir posent la question d'une possible normalisation de la Syrie dans les relations diplomatiques : "La visite à Paris était quelque chose d'exceptionnel, dans la mesure où le président Macron a pris un risque politique, et on a vu la rencontre avec Donald Trump à Riyad, en Arabie Saoudite, mais aussi l'idée d'une levée des sanctions européennes, des sanctions américaines. Al-Charaa se rendra aux États-Unis en septembre, a priori, pour donner le premier discours d'un président syrien à l'ONU depuis 60 ans. Donc, tous ces acteurs considèrent qu'Al-Charaa est une solution, et non un problème. Le monde a donc décidé de lui donner sa chance, mais pas par angélisme, plutôt par intérêt : intérêt politique pour stabiliser la région et intérêt économique pour la reconstruction de la Syrie." Face à cela, Wassim Nasr explique que l'État islamique va vraisemblablement tenter d'attirer les combattants déçus de la politique d'Al-Charaa.
Néanmoins, l'existence de tirs israéliens sur la Syrie montre que la coexistence entre la Syrie et Israël ne mène pas à une pacification, notamment sur la question du Golan. Wassim Nasr explique que la poursuite de frappes israélienne après l'arrivée d'Al-Charaa à la tête du pays s'explique en partie par le désir d'Israël d'éloigner les forces syriennes de leur frontière commune : pour cela, Israël capitalise sur le mécontentement d'une partie des Druzes et s'oppose fermement à une présence armée dans le sud de la Syrie.
Source : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/...