Washington mise sur le Sahara marocain : un tournant stratégique en Afrique du Nord

Les États-Unis viennent d’autoriser de manière officielle les investissements américains au Sahara marocain, dans une manœuvre qui traduit une volonté claire d’ancrer leur reconnaissance politique dans une réalité économique durable. L’annonce repose sur un engagement de taille : la US International Development Finance Corporation (DFC) prévoit d’allouer jusqu’à 5 milliards de dollars à des projets de développement initiés dans la région. Cette somme, inédite par son ampleur pour ce territoire, marque une rupture avec l’approche prudente et conditionnée des années précédentes.

Selon une information publiée par *TelQuel* le 31 juillet 2025, la décision américaine s’inscrit dans la continuité de la proclamation faite en décembre 2020 reconnaissant la souveraineté du Maroc sur le Sahara, réitérée en avril 2025. Ce cadre légal clarifié a levé les obstacles qui freinaient jusque-là l'afflux de capitaux étrangers et permis de sécuriser juridiquement les investisseurs. La DFC, bras financier du gouvernement américain pour le développement international, oriente ainsi ses fonds vers plusieurs filières stratégiques : énergies renouvelables, infrastructures, agriculture, tourisme, logistique et exploitation minière. Le projet emblématique du Port Atlantique de Dakhla figure parmi les prioritaires. Une part du financement sera également destinée à des initiatives sociales telles que l'entrepreneuriat féminin à travers l’initiative 2X Women Africa.

Au-delà des dimensions économiques, cette annonce reflète une affirmation plus large de la stratégie américaine en Afrique de l’Ouest atlantique. Washington semble vouloir renforcer l’axe Rabat-Washington comme plateforme d’influence régionale, au moment où le Maroc s’impose déjà comme un acteur central dans la coopération Sud-Sud. À terme, cette orientation pourrait conforter davantage l’isolement diplomatique du Front Polisario et renforcer le rôle du Sahara marocain dans la stratégie atlantique africaine. C’est aussi une manière pour les États-Unis de contrer les avancées d’autres puissances, notamment la Chine, sur le terrain des investissements d'infrastructure sur le continent.

Si les retombées concrètes dépendront de la mise en œuvre des projets, l’ampleur des montants annoncés et la clarification politique américaine créent un environnement favorable aux investisseurs privés internationaux. Cette évolution pourrait donc transformer en profondeur le paysage économique des provinces du Sud marocain, les positionnant comme un futur hub énergétique et logistique pour l’Afrique de l’Ouest.